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Marie Dépeux-Hengoat

Dans une société qui nous éduque à la consommation directement dans nos biberons et nous fabrique des rêves minutieusement arrangés dans le but de nous exploiter, nous avons appris à faire preuve de passivité. On est arrivé jusqu’à nous faire croire que le bacon était bon pour la santé au petit-déjeuner. La publicité et les relations des marques au public travaille notre imaginaire collectif. C’est Edward Bernays*1 qui mettra en place aux États-Unis l’utilité des relations publiques, dans ce qu’il a appelé « la fabrique du consentement » basée sur un principe formulé par l’ancien président des USA Thomas Jefferson : « dans une société démocratique tout dépend du consentement du peuple ».

C’est dans le souvenir de ces mots intériorisés « Mais tu n’en as pas marre de ne jamais écouter ? », « Sois sage et tais-toi ? » que l’on a pensé que « ça irait ». Peut-être que cette liberté tant recherchée se trouve dans la volonté de se révolter. Comme nous l’a rappelé Stéphane Hessel*2, s’indigner contre l’indifférence et face à une société qui s’organise de façon de plus en plus contraignante, c’est vouloir trouver l’égalité, la fraternité et sa liberté.

Ce n’est pas la révolte qui est violente, mais notre capacité à obéir malgré des situations économiques, sociales et environnementales dangereuses. Mais d’où vient ce système ? Qui le met en place ? Une réponse possible se trouve dans la notion d’« Androcène » avancée par François d’Eaubonne*3 : « Si les écosystèmes sont détruits, si les réfugié·e·s climatiques abondent, si la sixième extinction de masse est avérée, ce n’est pas la faute d’une humanité indéterminée, mais bien celle d’un petit groupe de gouvernants et des sociétés patriarcales-capitalistes qui en découlent. »

Il serait temps de désobéir, de dire adieu au temps où l’on se soumettait. Rosa Parks*4 l’a fait lorsqu’elle a refusé de faire preuve de passivité devant un système qui la discriminait : « la seule fatigue que j’avais, était celle de céder ». Dans un système qui cherche à tout exploiter, inflation, répression, soumissions, nous aussi nous devons passer à l’action.

Il serait bon de ne pas oublier que ces droits qui nous ont été accordés, ont été votés suite à des voix courageusement soulevées. Adieu la déresponsabilité, aujourd’hui « ne pas savoir » c’est cautionner. On ne peut évoquer la non connaissance si on ne sait pas ce qu’on ne cherche pas.

Alors on devrait peut-être penser à cette phrase prononcée par une femme à la parole éveillée, Camille Etienne*5 : « désobéir, c’est peut-être ça faire honneur à ce qui nous reste d’humanité. »


*1 Edward Bernays, considéré souvent comme le père de la propagande politique et d’entreprise
*2 Stéphane Hessel, Indignez-vous !, Ed. Babelio
*3 François d’Eaubonne, Le féminisme ou la mort, Ed. Le Passager Clandestin
*4 Rosa Parks, Mon histoire, Ed. Libertalia
*5 Camille Etienne, militante écologiste