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Solenne Sinapayen

Le temps est venu de laisser l‘Afrique poursuivre l’écriture de son histoire de gloire et de dignité, au nord et au sud du Sahara *. Depuis plusieurs années l’omniprésence de la France notamment au nord et à l’ouest du continent est vivement contestée. Du Sénégal au Mali, plusieurs peuples ne veulent plus voir leur destinée tracée selon les desseins de l’ancienne puissance coloniale. Le retrait des troupes françaises dans le Sahel en Novembre 2022 sont entre autre, une manifestation du rejet de la gestion française des « affaires africaines » par les principaux concernés. En novembre 2022 à Djerba, Emmanuel Macron déclarait que le recul de l’usage du français dans les pays du Maghreb est une forme de résistance « quasi politique». Si résistance il y a, c’est en réponse à la présence d’un oppresseur. La plupart des pays africains anciennement intégrés à l’empire Français ont conquis leur indépendance non sans traumatisme depuis plus de 60 ans, mais la France ne s’est jamais résolu à plier bagage. On ne peut nier l’implication d’autres puissances sur le continent tels que la Russie, comme en témoignent la présence de groupe militaires privés et la coopérations entre les différents services de renseignement. Toujours est-il que depuis plusieurs années, les nations anciennement regroupées sous le spectre de la Françafrique (sans oublier les héritages et les travaux passés), s’essayent à emprunter de nouvelles routes afin d’exister au delà des schémas initialement imposés.

Le problème de l’Afrique n’a jamais été de ne rien avoir à mettre en avant, mais plutôt que pour se faire, elle a toujours dû se conformer à ce qu’on attend d’elle, et contenter l’imaginaire partagé par la majorité. Il est facile de définir ce que les pays africains ne sont pas.

L’Algérie n’est pas le réservoir énergétique de l’occident.

Le Mali n’est pas archaïque.

Le Burkina Faso n’est pas qu’une terre de brousse et d’animaux sauvages.

Il est tout aussi facile de définir ce que sont les nations africaines. Seulement, ça n’intéresse que peu de gens. Aucun peuple, aucune Nation ne devrait avoir à supplier pour être reconnue à sa juste valeur et jouir de ses richesses. Pour des chefs d’états tels qu’Emmanuel Macron, les mouvements d’émancipation et de rupture vis- à- vis des valeurs et des coutumes occidentales est un phénomène récent et déplorable. Mais en réalité il n’en est rien. Depuis le soleil des indépendances ** les africains suivent leur chemin, certes douloureux, parfois enseveli sous la cruauté, mais non moins emprunt de force et de vitalité. Les cultures africaines ne sont pas synonyme de passé, elles existent bel et bien dans le temps présent.

Ceux qui se complaisent dans une vision fantaisistes et qui voient leurs fantasmes satisfaits par des stéréotypes poussiéreux garderont leurs oeillères. Les autres sauront rester attentifs et se réjouir d’être les témoins d’une nouvelle page de l’histoire, écrites par les nations africaines ici et maintenant.


* « L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera, au nord et au sud du Sahara, une histoire de gloire et de dignité. » Citation de Patrice Lumumba, premier président de la République Démocratique du Congo
** Le Soleil des Indépendances, roman écrit par Ahmadou Kourouma et publié en 1968